Les joueurs de 1935, les hommes qui pratiquaient ce jeu de boules en dilettantes ou en compétiteurs se séparaient en espèces diverses. Il doit en être de même à notre époque, d'autres critères interviendront ensuite pour voir ces distinctions de genres.

Catégories de joueurs

C'étaient d'abord deux catégories de joueurs : ceux des parties dites " de chopines " et les autres qui, comme je l'étais, se consacraient à faire des concours ou des parties parfois intéressées, sans buvette, et se voulaient jouer sportivement, ce que l'on comprendra bien quand l'on saura que la boule, et surtout " la grosse boule ", la nôtre, demandait de réelles qualités physiques et aussi mentales, tout autant que certains sports.

Il sera reparlé de cela. Ceci ne groupe les joueurs, que par leurs qualités de sobriété, et leurs vertus sportives semble secondaires.

Il y avait ceux que l'on appelait " les buveurs sans soif " qui venaient parfois dans les clos garnis de joueurs, pour finir les verres de ceux, comme moi, qui payaient mais ne buvaient pas, sauf de l'eau minérale ou de la limonade.

Le véritable classement des joueurs était dû à la boule elle même et à la façon de la manier. L'on distinguait ainsi les amateurs (pour eux, le seul but était de bien jouer et de faire des parties intéressantes (ici, le but, c'est l'objectif.. celui-ci n'est pas en bois !), les quasi professionnels et même en petit nombre, les vrais professionnels.

Etre " joueur de boule à casquette "

C'est la catégorie " quasi professionnelle " qui regroupait le plus d'éléments valables et je pense en avoir fait partie. Nous ne recherchions pas la fréquentation de ces joueurs dits " de chopines ". Nous, les vrais " boulistes ", les purs, guidés uniquement par le désir sportif, nous fuyions ces personnages odieux qu'on trouvait avant tout dans les clos.

Des quolibets, des réflexions désagréables avaient tendance à placer les " joueurs de boules " (expression devenue méprisante ) dans le même sac, celui des ivrognes, porteurs de casquettes (uniforme des joueurs en 1935). Quelle erreur de la part de personnes mal informées, prêtes à se moquer... à tort !

Il y avait donc un certain mépris du " joueur de boules " expression qui à elle seule était tout un programme. Cependant l'esprit sportif était déjà fort développé. Ceux qui aimaient ce jeu et voulaient parvenir à gagner des parties, des concours, mais en faisant autre chose dans la vie, étaient les plus nombreux. Dans cette catégorie l'on trouvait des ouvrier, des employés, des salariés de toutes sortes, des cadres aussi attirés par le contact humain et le désir du beau jeu...

Inégalités

Beaucoup d'hommes venaient dans les sociétés boulistes pour y trouver " des amis " (parfois très éphémères). Ils jouaient mais occupaient souvent dans ces sociétés des fonctions administratives (Présidence, Vice Présidence, secrétariat, trésorerie) Ici la situation sociale, la fortune jouaient un certain rôle. Ces hommes jouaient souvent très moyennement, mais ils s'introduisaient dans les quadrettes de champions pour essayer de vaincre avec l'appui des " as ". Ils se réservaient souvent le choix de la tactique à adopter et aussi... souvent payaient puisqu'ils étaient fortunés pour embaucher des tireurs ou pointeurs remarquables.

L'on voyait aussi, un joueur assez maladroit, se lier avec trois autres, des as. Enfin, les vrais professionnels devenus rares, qui ne faisaient rien d'autre et vivaient des gains de leurs victoires. Parmi eux, l'on jouait des parties intéressées, et à l'issue de celles-ci, les deux mises étaient empochées par le vainqueur.

Ne cherchons pas la morale dans cette histoire ! Notons toutefois que le " don " des boules existait pour certains (très rares) c'était une adresse innée.

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